Abstract
La critique et la théorie littéraires contemporaines présentent un paradoxe: elles notent, par la référence à la rhétorique, la rupture de la propriété argumentative ou persuasive de l'oeuvre; elles préservent cependant l'hypothèse d'une propriété conversationnelle du littéraire — hypothèse qui n'est pas véritablement explicitée. Ce paradoxe, essentiellement lisible dans la “déconstruction”, l'est aussi dans les propositions de Sartre, dans la “pensée du dehors” de Foucault, dans le dialogisme de Bakhtine. Le paradoxe revient, de fait — telle est la thèse de cet article — à énoncer une propriété rhétorique et persuasive de l'oeuvre, au moyen d'une référence à la rhétorique d'abord confondue avec la tropologie et avec l'effacement du jeu persuasif. Cette ultime propriété rhétorique et persuasive est identifiable par l'alliance de lasuspension, qui caractérise le texte littéraire dès lors qu'il est placé sous le signe de la rupture de l'argument et de la persuasion, et du jeu anaphorique, lui-même indissociable du questionnement que suscite la suspension. A partir du constat de ce questionnement, il convient de dire que le texte littéraire est ce qui fait fond à la disparité du doxique, et que celui-ci apparaît comme le répondant provisiore et variable de lacasuistique que constitue le texte littéraire.
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Bessière, J. Critique, rhétoricité, communicabilité. Argumentation 6, 403–421 (1992). https://doi.org/10.1007/BF00155979
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DOI: https://doi.org/10.1007/BF00155979